En Occitanie, des faneurs… La Fête du foin 8 juin 2024

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En Occitanie, des faneurs…

A  nuit finissante,   des perles de rosée étaient  délicatement déposées sur le pré verdoyant.Réglée telle  du papier à musique, se  jouait   alors la partition du faucheur.    Dès l’aube naissante, la faux, maniée avec dextérité, allait et venait au ras du sol,  fauchant méthodiquement l’herbe arrivée à maturité . Dzin,  Dzin, Dzin, la pierre lombarde redonnait à la faux le fil  affûté  semblable  à celui du rasoir. A l’ombre du noyer,  la battaison  du faucheur rendait à l’outil  la pleine  efficacité  de son tranchant.Pin, pan, pin, pan,  sur un rythme de métronome, la faux, posée sur l’enclumette, était battue,  tenue d’une main  par le faucheur assis au pied du noyer, l’autre main  assénant les  coups  de marteau réguliers  qui   revenaient en écho depuis la garenne proche. Haut dans le ciel, le soleil  asséchait la rosée, transformant en douceur l’herbe fraîchement coupée en foin odorant. L’heure de  la fenaison venue,  comme issues d’une génération spontanée, des myriades  d’insectes voletaient  au-dessus  des andins . Agacés, les faneurs, d’un geste machinal, chassaient les importuns, n’interrompant qu’un court instant le mouvement répétitif de la fourche ou du râteau. Se piquant d’audace,  taons  et mouches fondaient en escadrille sur le mufle des bovins, qui, en riposte, extirpaient  de leurs naseaux envahis, d’un habile coup de langue les insectes aventureux. Martinets  et hirondelles s’en donnaient à  cœur joie  happant  au vol hannetons, mouches  et moustiques, piaillant à qui mieux mieux, slalomant  à proximité  des  besogneux de l’été. A l’ombre des chênes, en lisière du pré,  accomplie leur mission attelée de tonte du pré, la paire de bœufs paissait en conscience avant de ruminer en cadence. Tout en bas du pré,  glougloutait l’eau du ruisseau  gardant fraîche  la bouteille  d’eau agrémentée de trois morceaux de sucre et  quelques gouttes d’alcool de menthe. Épongeant d’un revers de main  la sueur de leur front,  les faneurs,  mère et  enfants, se désaltéraient de ce breuvage, laissant  au faucheur  sa bouteille de vin qui étancherait sa soif tout en  lui redonnant du cœur à l’ouvrage. Au mitan  de la matinée, faucheur et faneurs se regroupaient à l’ombre protectrice  du chêne  tout à  côté  des animaux ruminant sans désemparer. Du panier  d’osier, sortaient la soupière de soupe mitonnée,  caillades rafraîchissantes et  quignon de pain  qui s’engloutissaient  dans les gosiers affamés des travailleurs de l’été. Midi sonnant aux cloches de l’église, le soleil proche de son apogée, annonçaient en Occitanie l’heure du mérindat précédant la plandière réparatrice  avant le retour au pré  poursuivre la besogne entamée jusqu’à son achèvement, le plongement du foin sur la jouque. Les bœufs,  délivrés du  joug,  ruminaient sagement à l’ombre de l’étable, attendant sans impatience le prochain attelage  pour une mission immuable   inscrite  dans le dur labeur  du foin  à engranger. 

Jean – Claude, le  19 mai 2024

La chanson du faucheur

La faux sur le bras,

Coffin à la ceinture

J’allais au pré

Faucher ras

Sans bavure

L’herbe de bon gré.

Dzïn, dzïn, dzïn, chantait la faux

En écho, tip, tap, tip, tap,

Répondait le marteau

Devant, le maître valet

Ouvrait la brèche

Et commençait le ballet

Cadencé des faucheurs

Au grand dam de la pie-grièche

Dérangée par ces danseurs.

Dzïn, dzïn, dzïn, chantait la faux

En écho, tip, tap, tip, tap,

Répondait le marteau

Du coffin empli d’eau

Je sortais ma pierre lombarde

Pour aiguiser ma faux

Elle se faisait bavarde

Son fil de rasoir retrouvé

Au tranchant éprouvé.

Dzïn, dzïn, dzïn, chantait la faux

En écho, tip, tap, tip, tap,

Répondait le marteau

Pour retrouver le fil de la conversation

Une faux doit être battue

Bien assis devant  mon enclumette

Martelant en cadence et sans ostentation

Je pensais à ma blondinette

Elle m’attendait là-bas au Battut

Dzïn, dzïn, dzïn, chantait la faux

En écho, tip, tap, tip, tap,

Répondait le marteau

 

Cette publication a un commentaire

  1. Cluzan Jean -Claude

    Oui, maintenir la tradition, c’est aller dans le sens de l’Humain :
    oublier le passé, ne serait-ce pas s’apprêter à revivre les douloureux moments de l’Histoire ?
    Mais voilà qui nous éloigne du fauchage à la faux …
    Cependant, ce fut une belle journée
    à mettre à l’actif du monde associatif,
    en l’occurrence, l’association QVB CS V et Générations Mouvement à La Chapelle-aux-Saints

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